Jonathan au Japon (2006)

Salut les gens! 

Pour ceux qui se plaignent de ne pas avoir assez de news de leur wombat préféré, voici de quoi vous mettre sous la dent.

Naginata à Kyoto

« Un an au Japon? T’as trop de la veine ! », « T’as le cul bordé d’nouilles ! », ou encore « T’as vraiment une moule de cocu ! » furent les réactions de mes amis en apprenant que je partais à Kyoto, un an, pour étudier le japonais dans une des plus anciennes universités bouddhiques du Japon.
De la « moule » , comme ils disent, c’est vrai que j’en ai pas mal…depuis que je suis au Japon, on peut dire que la chance me sourit. En effet, j’y ai rencontré la femme de ma vie, un boulot m’est tombé dessus par hasard, je brille dans les études sans lever le gros orteil, j’ai pu participer avec Baptiste (un gars aussi « moulu » que moi) à un stage de tendoryu à Katsuura, j’ai découvert un magasin d’alcool avec de vraies bières belges, made in Belgium ! Et cerise sur le gâteau, il se trouve que ce magasin magique se situe juste à côté du dojo où je pratique, aller aux entraînements de naginata est devenu un réel bonheur.
Bref, jusqu’à présent, tout baigne ! J’ai pas à me plaindre de la « malmoule ».

Ca va bientôt faire 6 mois que je suis à Kyoto, pourtant j’ai toujours l’impression d’être ce touriste de « gaijin » venant de débarquer au Japon. Le temps passe trop vite, chaque jour est une nouvelle journée riche en aventure, en rire, et en chocapics. Bref, depuis que je suis ici, je n’ai pas encore eu le temps de m’ennuyer.
Une fois bien installé dans mon petit nid douillet, je me suis mis à la recherche d’un club de naginata ayant la bonté d’accepter un blaireau comme moi.
Ca n’a pas été facile, mais avec l’aide de monsieur Kondo et de madame Tamaki, j’ai pu rapidement tâter de la naginata, et pratiquer dans le club de madame HIGASHI.

Les cours de naginata ont lieu au Budo center, non loin du temple Heian jingu, dans un vieux dojo construit en 1899, le fameux Butokuden (le palais des vertus martiales). 

Dojo Butokuden 
Comme diraient mes amis, c’est un dojo qui « poutre grave! », non pas parce qu’il est tout en bois, mais parce qu’il a trop la classe!
A côté du Butokuden, il y a également un dojo réservé au Kyudo, et un autre à nos amis les sumo. L’endroit est vraiment magnifique, ça vaut le coup d’oeil.

Lors des entraînements de naginata, toutes les portes du dojo sont grandes ouvertes. Certe, en été c’est plutôt agréable, mais en hiver quand il fait moins 10 dehors, ça le fait moins. Le sol est glacé, lors des ji geiko il est pas rare de voir des combattants glisser sur des plaques de verglas, un peu comme les pingouins sur la banquise.
Parfois j’ai l’impression d’être dans la peau de Rocky, quand il s’entraîne nu dans la neige, avant l’ultime combat.

Tout ça pour dire qu’en hiver, nous pratiquons dans des conditions assez rudes, généralement après le keiko, nous avons tous les pieds bleus et le nez rouge, comme des schtroumpfs alcoolos.

L’entraînement en lui même est surtout axé combat. Après le salut et l’échauffement, on fait un rapide kihon, donné à tour de rôle par les élèves. Ensuite on fait 10 minutes de engi, puis on met directement le bogu. Une fois en armure, on travaille la précision avec des frappes du kihon, ensuite on fait quelques exercices de techniques de combat, puis c’est au choix, on se met d’accord avec son partenaire, chacun est libre de travailler la technique qu’il veut. 
On termine par un bon 20 minutes de kakari geiko et ji geiko, avec de temps à autre des combats arbitrés.
Ensuite on enlève le men et les sune, on se met en place pour le salut, puis débute l’entraînement des warriors, seul les plus fous et les plus avancés peuvent y participer.
Au total, ça fait 3 heures de cours. 

La plupart des pratiquants sont des lycéenes, elles ne sont pas haut gradées, mais elles ont du punch, de vraies furies ! Leurs combats sont beaux à voir, c’est rapide, propre, ça enchaîne bien, c’est précis… rien à dire.
A part les lycéenes il y a 2 japonais 2ème dan, et un français qui vit au Japon depuis 5 ans, ça fait 2 ans qu’il fait du naginata à Kyoto. Il y a également une jeune américaine au look asiatique qui débute.

Les plus avancés arrivent en général à la fin du premier cours, pour l’entraînement des warriors. C’est à ce moment là que madame HIGASHI (la sensei), les lycéenes et les moins gradés quittent le dojo. Cet entraînement spécial est donné par les 2 soeurs TANAKA, c’est censé être un entraînement libre, mais jusqu’ici on fait que du bogu. Une des 2 soeurs était présente aux championnats du monde de naginata à Paris en 1999. En combat elle fait peur, on ne voit pas les frappes arriver. On dirait qu’elle reste bloquée en mode accéléré ! Vraiment très impressionnant. 

Sinon en ce moment pour les étudiants ce sont les vacances du printemps. Dans les universités l’année scolaire prend fin au début du mois de février, et recommence début avril avec l’arrivée du printemps. Bref, je passe en mode hibernation pour 2 bons mois.
Ca fait 4 ans que mon amie et moi sommes ensemble, nous avons pris la décision de nous marier. Ainsi nous avons profité des vacances pour faire un petit voyage dans le Kanto, afin de convaincre ses parents, qui habitent pas loin de Tokyo. J’en ai également profité pour passer à Katsuura faire la bise à madame KIMURA et aux gens de la Budai (Budo daigaku). Par chance, justement à ce moment là se tenait un stage de tendoryu, auquel j’ai pu participer. C’était vraiment un stage intéressant, j’ai appris des nouveaux kata et des techniques bougrement vicieuses, qui m’ont été d’une grande utilité pour convaincre le père de mon amie.

Avant de retourner dans le Kansai, j’ai pu pratiquer un peu avec les élèves de la Budai. Encore une fois, j’ai été surpris par la qualité de leur naginata.
Il y a vraiment un fossé entre leur niveau et le mien, mais je ne désespère pas. 
Comme le dit mon dicton tchétchène préféré : 
« Le petit scarabée a encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre la sagesse du zen hâo. Mais à force de persévérer, il reviendra plus fort que le grizzly, plus rapide que le fennec et plus balèze que Bruce Lee ».

…complètement illuminé ce scarabée !

Jonathan D’hose