Article de master en journalisme (2011)

Ronak a écrit pour son TP de journalisme en presse de master un article sur le naginata “Un art martial de puissance et de grace”


Le naginata s’exporte: Un art martial de puissance et de grâce

Le naginata, un art martial japonais, perce petit à petit au sein des fédérations européennes d’arts martiaux et spécialement en Belgique. Bien que la discipline et ses pratiquants soient peu connus chez nous, les athlètes belges disposent d’une notoriété sans égal à l’étranger.

« Bien que les pratiquants belges soient l’équipe à abattre, la pression est moindre par rapport au dernier championnat du monde qui a eu lieu au Japon en juillet 2011  », témoigne François Dermine, professeur de naginata. François Dermine se sent confiant pour le prochain championnat d’Europe qui aura lieu à Prague dans quelques mois. La réputation des Belges est devenue telle que la pression est parfois énorme : « Quand des titres sont en jeu, il est difficile de maintenir son calme », garantie le professeur. Or la concentration reste l’une des bases du naginata.

Le « naginatajutsu » est un art martial japonais apparenté au kendo : il se pratique avec une arme qu’on appelle « naginata » qui a une apparence proche du fauchard à lame courte. Aujourd’hui, le bambou a remplacé la lame de métal. L’arme en elle-même mesure plus de deux mètres vingt. Comme le certifie François Dermine : « Avec une telle longueur, la force seule n’est pas déterminante, ce qui importe c’est le travail sur la technique ainsi que les bons mouvements du corps. »

Chaque pratiquant porte une armure qui protège les zones stratégiques des membres (tête, poignets, tronc et jambes).

Pour sortir vainqueur des combats, il faut frapper les différentes parties de l’armure : « Tout est codifié ; les frappes, les cris. Pour qu’une attaque soit accordée, au moins deux des trois arbitres doivent valider l’action », affirme François Dermine. Il suffit que deux frappes soient approuvées pour remporter le combat.

« Le naginata est plus qu’un sport pour moi, c’est un art qui comprend des étiquettes. Et le plus important, c’est le respect des autres, des adversaires et des plus gradés », précise le professeur. À travers le naginata c’est toute la tradition japonaise qui se dévoile.

Un art venu du Japon

Dès le neuvième siècle, La naginata est utilisée par les guerriers japonais. Plus tard, elle devient l’arme des femmes et des filles de samouraïs pour protéger leurs foyers. Cependant, les hommes ont continué à l’utiliser et à en développer la technique au sein de nombreuses écoles d’arts martiaux.

C’est en 1953 que la fédération de naginata du Japon est fondée. Elle synthétise les différentes techniques de nombreuses écoles existantes pour en faire un art martial sportif, mariant tradition et modernité, avec des règles d’arbitrage précises pour ses différentes formes de compétition.

Aujourd’hui, le naginata reste principalement enseigné et pratiqué par des femmes, du moins au Japon. Cependant, le nombre de pratiquants masculins est en constante augmentation. Hors Japon, les sportifs masculins sont d’ailleurs plus nombreux que leurs homologues féminins.

Un art importé en Belgique

La fédération belge de naginata a été créée en 1990 à l’initiative de Roger Hannoset mais c’est en 1996 que l’aventure a véritablement commencé : « Mr Hannoset a créé la fédération sous forme d’ASBL parce qu’il était nécessaire d’avoir une organisation structurée officiellement pour faire partie de l’International Naginata Federation et de l’European Naginata Federation », précise Fabienne Bauwens, présidente de la fédération belge. En 1995, Fabienne Bauwens crée le club de naginata de la Forêt de Soignes. C’est actuellement le seul club en Belgique depuis que Mr Hannoset a cessé ses activités : « Au début, mon idée était de travailler avec des jeunes de 10-12 ans et de leur proposer un naginata adapté à leurs besoins, avec un souci de respecter la dynamique du corps […] maintenant, le défi auquel est confronté le club, c’est de s’agrandir en centrant davantage le travail sur les débutants », précise la présidente.

Le naginata belge connait de grands succès depuis sa création, notamment en 2003 lors du championnat du monde aux Etats-Unis : « Mon frère jumeau a été sacré champion du monde dans la section individuelle », se réjouit François Dermine, professeur de naginata. Depuis, les victoires s’enchainent. Mais une chose est sûre : « Aux prochains championnats d’Europe, à Prague, les fédérations internationales nous attendent au tournants. »

RONAK KAMALI