Profitant du long week-end du 29 avril au premier mai était organisé un stage dans le charmant petit coin de Chiny.
En effet, il s’agissait de fêter dignement les 10 ans de notre club dans la sueur, mais surement pas dans les larmes (ou alors seulement celles de l’émotion et du fou-rire). C’est ainsi qu’une solide équipée de pratiquants du naginata débarquait dans le centre ADEPS du Liry, mêlant les âges, les sexes, les tailles, les confessions, les nationalités et les années de pratique (on me dit dans l’oreillette que j’en fais un peu trop), le tout sous un soleil rayonnant.
Plus sérieusement, quelques invités étrangers avaient répondu à l’appel et on pouvait compter parmi tous ces fourbes belges : Baptiste et Thibaud dit « Iznogood » – les trublions du naginata français – ainsi que Mark Berghaan en représentant de la fédération des Pays-Bas, sans oublier Akiko qui nous avait aussi accompagnés afin de donner un goût de Soleil Levant à ce stage.
De plus, il n’y avait pas que des pratiquants puisque quelques accompagnateurs (on me dit dans l’oreillette « futurs pratiquants pour sûr ») avaient aussi fait le déplacement pour participer à certaines des animations.
Une fois les voitures garées, les équipements déposés et les chambres réparties (ce qui fut clairement l’étape la plus difficile ; la prochaine fois on prendra un grand dortoir commun), on s’attaqua à un repas expédié en quatrième vitesse tellement l’envie nous poussait à rejoindre nos tant aimées naginata.
Certains étaient tellement avides d’action qu’un match de foot et quelques échanges de tennis furent improvisés en attendant le coup d’envoi du stage. Mais les éléments et les forces naturelles voulaient nous prouver qu’elles étaient aussi de la partie, et après le soleil ce fut … la neige qui baigna notre refuge pour le week-end.
Qu’importe, nous avions prévu d’être investis de la résistance et de l’éveil des Inuits, donc nous n’allions pas nous laisser intimider par quelques flocons (juste nous chopper quelques rhumes carabinés). Le stage commença donc par un classique kihon … afin de mettre nos invités à l’aise avant les entraînements qui suivirent.
Tout d’abord, Marc, avec l’aide de son assistant squelette (avant les arts martiaux, il a fait un peu de vaudou mais il avoue que ce n’est pas trop son truc), nous expliqua en profondeur la logique interne de notre corps et tout particulièrement de la mécanique de nos os – comment ils s’emboitent et comment … ils se déboitent – attirant ainsi évidemment notre attention sur l’application de cette théorie dans le naginata mais aussi dans la vie de tous les jours.
Après cet exposé, un petit exercice de précision en armure dans lequel David nous fit déchaîner notre fureur guerrière … sur des petits morceaux de cartons. Il était en effet question de frapper à des endroits très précis et l’exercice se révéla moins facile qu’il n’y paraît.
Après une rapide collation, dont le partage nécessita pas mal de notre fureur guerrière citée précédemment, nous étudiâmes les incontournables kata shikake-ooji. François mis un point d’honneur à rappeler à l’attention de tous les points cruciaux et essentiels de ce qui forme la base technique du atarashii naginata.
Enfin, il échut à Tyl de nous mettre en appétit pour le souper du soir, ce qu’il fit par un exercice de combat en bôgu, qui consistait à faire entrapercevoir des techniques globales de combat portant tout particulièrement sur le positionnement en combat et le mouvement par rapport à l’adversaire.
Alors que la fatigue et la faim commençaient à nous tirailler, il fut grand temps d’aller joyeusement ripailler et discuter autour d’un bon repas (on me dit dans l’oreillette que c’est ce que nous faisons le mieux).
La journée se clôtura par un entraînement libre où certains travaillèrent encore les shikake-ooji, un autre s’initia à l’isshujiai en compagnie de Mark au shinai, tandis que dans un coin de la salle les palabres allaient bon train (on me dit dans l’oreillette que c’était plus des ragots mais je n’y crois pas).
Certains auraient même vu dans les dernières minutes de l’entraînement une balle orange … A l’image de Miyamoto Musashi, nous nous efforçons de varier nos talents.
Le lendemain, aux aurores (on me dit vers 8h dans l’oreillette), Marc nous fit réveiller notre énergie à la façon inuit, une tradition lancée aux derniers championnats d’Europe et qui apparemment nous avait réussis. En plus, d’être un éveil des énergies, c’était aussi un éveil aux nouvelles pratiques et à la différence (ben oui, la pratique du naginata comme lien entre les peuples, moi, j’y crois) et après les premières minutes d’étonnement, ce fut dans la bonne humeur purement inuit que nous réveillâmes nos énergies tous ensemble.
Malheureusement, cela avait aussi éveillé notre appétit. Une fois ce détail rondement réglé, et le traditionnel kihon, Fabienne nous amena à pratiquer différents exercices d’équilibre aussi bien physique que spirituel, en général par deux (c’est comme l’amour, ça fonctionne mieux à deux).
Ainsi il fut question de tantôt rester coordonné à son partenaire ne serait que par une naginata, tantôt d’accepter son énergie avant de la lui rendre par l’intermédiaire de nos naginata.
Toute cette préparation mentale et psychologique se concrétisa lorsque Tyl proposa à tout le monde de préparer et de présenter un kata imaginaire, exercice bien connu de notre club. Il s’agit donc d’un kata quasi-improvisé, et surtout original, né de l’imagination et de l’inspiration de deux (voire plus) pratiquants. Et ce ne fut pas peine perdue car nous pûmes apprécier de jolies créations.
Après un bon repas revivifiant, nous étions de retour. D’abord un petit kihon des familles, puis on enchaîna par les tout aussi classiques shikake-ooji … mais à l’envers cette fois. Car chez nous, on ne fait rien comme les autres, il s’agissait de faire esdits kata en commençant en migi chûdan.
De nouveau, David en étonna certains par la fourberie et l’étrangeté de son exercice. Et on continua de plus belles avec des petits shiai arbitrés dans lesquels François donnait secrètement à chacun des participants des consignes à respecter, ce qui changeait la physionomie des combats du tout au tout. Pour clôturer ces étranges entraînements, Jonathan nous initia au combat en équipe de deux, sous la forme de différents exercices en bôgu à quatre.
Un bruit courait comme quoi la journée du lendemain se terminerait par un petit tournoi en double … Mais avant cela, un des moments tant attendu se profilait à l’horizon : la fête d’anniversaire à proprement parler.
Tout le monde se mit sur son 31 (ou presque) avant d’aller avaler un bon repas (si vous vous dites « Mais ils ne font que bouffer !? », je vous répondrai que vous n’avez pas tort … Mais on mangeait bien là-bas alors autant en profiter).
Une petite heure plus tard, l’endroit qui fut le théâtre de tant d’effort et de fureur devint un havre de joie et d’hilarité, tout particulièrement quand nos trois assistants (John, Tyl et François) nous retracèrent l’histoire du club et des personnalités qui le marquèrent : en plus d’un rappel Historique (oui, oui, avec un grand H), nous eûmes droit à une personnification, si pas fidèle, hilarante de nos trois sensei préférés (Fabienne, Marc et David). N’oublions pas non plus, la lecture ainsi que le joyeux accompagnement à la guitare dont nous fit profiter Jean-Michel, récemment arrivé et pourtant déjà intégré. Evidemment, une fois n’est pas coutume, tout cela fut copieusement arrosé (sans excès, on vous rassure) et le gâteau au chocolat ne fit pas long feu.
Evidemment, il fut un peu plus difficile le lendemain de réveiller l’énergie en nous même avec la méthode inuit. Cependant, étant un homme de tous les défis, Marc réussit à rallumer la flamme de la combativité dans les yeux de la plupart d’entre nous. Voyant les dégâts qu’avaient entraînés un entraînement si astreignant (on ne rigole pas chez nous) ainsi qu’une fête effrénée (ben si en fait, on rigole quand même en fait), des exercices de relaxation corporelle étaient plus que bienvenus.
Cela nous permit d’enchaîner sur une révision des shikake-ooji, un exercice approprié en vue des passages de grade qui se déroulèrent un tout petit peu plus tard. C’était l’épreuve du feu pour beaucoup de nos nouveaux adhérents comme Sacha et Quentin ou même encore Stéphane, mais il en fallait plus que le stress et la fatigue pour les faire faillir. Ils décrochèrent donc leur cinquième kyu avec grand succès ! Bravo à eux, ainsi qu’aux autres participants qui passaient aussi un grade. Vous vous doutez bien qu’après tout cela, un passage à la cantine était obligatoire …
L’après-midi fut courte et seuls les plus courageux trouvèrent encore la force d’aller chercher au plus profond d’eux-mêmes l’animal qui y sommeillait. Fabienne nous aida en ce sens et en profita pour nous faire travailler ce lien privilégié avec notre part animale.
Une fois revenu à toute notre humanité (on me souffle dans l’oreillette que certains seraient restés bloqués dans l’état de l’exercice précédent), le gong de la compétitivité résonna. Il était temps de mettre en pratique tout ce qui avait été enseigné dans ce stage à l’occasion de la compétition amicale de combat en équipe.
Cette dernière épreuve finit de drainer les forces de nos courageux participants, et c’est lessivés, mais les souvenirs emplis de bons moments que nous rejoignîmes notre capitale.
Comme on peut le deviner ce week-end fut très amusant ET très intéressant, et je ne crois pas me tromper quand je dis que tout le monde attend la prochaine édition d’un stage appelé à peut-être se renouveler chaque année (si c’est possible).
Longue vie au club de la Forêt de Soignes !